Au fur et à mesure que je devenais un adulte, à force d’expériences sexuelles et sentimentales variées, je me suis dit que je n’étais ni homosexuel ni hétérosexuel véritablement. Cet entre-deux a été un peu difficile à vivre au début. Les gens qui me connaissaient vraiment ont eu tendance à dire que j’étais tout simplement bisexuel, sans porter pour autant de jugement. Mais je crois aujourd’hui que c’était un raccourci un peu simple, même si d’un certain côté ils n’ont pas tout à fait tort, car il est assez compliqué d’établir la frontière entre la bisexualité et la pansexualité.
C’est alors un ami avec qui j’entretiens une relation très fusionnel qui m’a mis sur la piste de la pansexualité. Il m’a expliqué ce qu’on entend par ce mot pas si courant que ça. Il m’a dit que c’était un concept nouveau qui refuse la discrimination et la différenciation des genres. Il y a en effet un aspect politique qui se cache derrière ce concept porté par des gens comme vous et moi. Cette perspective me plaît d’ailleurs.
Comment s’exprime ta pansexualité et comment est-elle perçue par ton entourage ?
Ma pansexualité s’exprime très simplement. Comme je l’ai dit, c’était sûrement cet entre-deux, cette incertitude qui était particulièrement difficile à vivre. Aujourd’hui, lorsque quelqu’un me plaît, que ce soit une femme ou un homme, je ne me pose pas la question de savoir si je suis devenu ou redevenu hétérosexuel ou homosexuel, le cas échéant. Ce qui importe vraiment ce sont les sentiments, car sur le plan sexuel je suis complètement ouvert : je prends du plaisir avec les femmes comme avec les hommes. Un plaisir différent mais difficile à différencier par des mots.
Pour répondre à votre deuxième question, j’ai la chance d’avoir une famille et des amis tolérants. Eux non plus ne se posent pas la question de savoir si je suis hétéro, homo, bisexuel ou pansexuel. Tant que je suis heureux, ils le sont aussi. Et pour l’instant nous le sommes tous.
Quelles places attribues-tu à la sexualité et à la sentimentalité dans la pansexualité ?
Des places d’importance équivalente. Comme dans bien des domaines de la vie, il faut savoir trouver un équilibre. L’équilibre entre sexualité et sentimentalité. Je ne conçois pas de vie purement sexuelle dans laquelle il n’y aurait pas de place pour la sentimentalité. Cela ne veut pas dire qu’il faut avoir des sentiments pour coucher avec quelqu’un. Au contraire, il y a des fois où l’on veut juste se laisser aller. Mais sur la durée, je pense qu’on finit malheureux sans amour. A l’inverse, un amour sans sexualité me paraît tout aussi difficile, pour ne pas dire impossible. Je suis cependant conscient que ma position actuelle pourra être amenée à changer avec l’âge.