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Interview d’une pansexuelle : Poser une identité sur la personne que je suis
Annabelle nous a accordé une interview pour parler de sa pansexualité et de ce que c’est pour elle d’être pansexuelle. Merci à elle pour sa disponibilité et pour sa sincérité.
Bonjour Annabelle. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je me prénomme Annabelle. J’ai 26 ans, je suis originaire de la région parisienne, j’habite à Paris et j’étudie la psychologie à Nanterre en Master. J’aime la lecture, le cinéma, le théâtre, mais aussi les sorties en bar et en boîte de nuit de temps en temps. Je suis célibataire mais je ne suis pas vraiment à la recherche d’une relation sérieuse. Pour le moment je me cherche un peu. J’aimerais bien en connaître un peu plus sur moi, j’aimerais pouvoir poser une identité sur la personne que je suis ou que j’estime être. Pour le moment je me présente comme pansexuelle parce qu’il y a un besoin dans notre société d’appartenir à un groupe. Je sais pourtant que ça veut tout dire et rien dire à la fois. Si cela ne tenait qu’à moi, je ne chercherais à entrer dans aucune catégorie.
C’est bien que tu évoques la signification du mot parce que c’est l’objet de ma seconde question. Que veut donc dire pour toi le terme pansexualité ?
Si on s’attache simplement à l’origine du mot, à son étymologie, alors la pansexualité signifie le fait de pouvoir aimer n’importe qui sans prendre en compte son genre. Pour être plus précise, c’est plus exactement la capacité, l’aptitude, la propension, oui, la propension, voilà le mot que je cherchais. C’est la propension à être attiré par une personne sans que n’entre en ligne de compte son genre. Pour faire court : la pansexualité c’est pouvoir tomber amoureux ou amoureuse de n’importe quel être humain. Je trouve l’idée plutôt belle. C’est pour ça que j’y adhère.
Interview d’une pansexuelle : « L’archétype de la bisexuelle »
Après, même si je me dis pansexuelle, je ne suis jamais tombée amoureuse ou me suis jamais sentie attirée par une personne transgenre. Après je n’en ai pas rencontré des masses dans ma vie. Les gens ne parlent pas aussi ouvertement de leur identité sexuelle, à moins qu’elle soit la norme, dans le sens de « majoritaire ». Pour les personnes qui me connaissent bien et qui savent qu’il m’arrive d’avoir des aventures amoureuses ou sexuelles avec des femmes, je suis l’archétype de la bisexuelle. Mais s’ils emploient le mot bisexuelle c’est surtout parce qu’ils n’ont jamais entendu parler de la pansexualité. Moi je connais le mot parce que j’ai fait un jour un exposé sur le genre en psychologie. Je suis tombée sur des notions telles que la notion de pansexualité et le principe m’a tout de suite parlé.
Que pensent tes proches de ta « propension » à aimer aussi bien les femmes que les hommes ?
Mes parents ne connaissent rien de mes aventures mais cela n’a rien à voir avec le fait que je sois pansexuelle. Je ne leur ai jamais présenté un copain ou une copine. J’ai toujours gardé secrète mes relations amoureuses. C’est difficile à expliquer, mais je ne parle pas de ce genre de choses avec mes parents, même s’ils me demandent de temps à autre quand est-ce que je leur présenterai un amoureux. Mon frère connait quelques-unes de mes histoires mais il n’entre pas vraiment dans les détails. Je crois que cela le dérange un peu de parler de sexe ou d’amour avec moi. J’accepte.
Interview d’une pansexuelle : « Je pense que je privilégierais les femmes »
Mes amis et certaines de mes connaissances savent que j’ai des aventures avec des femmes ou des hommes et ils trouvent ça en général plutôt cool et courageux de s’assumer comme je le fais. Mais on n’en parle pas vraiment parce que c’est difficile de comprendre cette abstraction qu’un pansexuel peut faire concernant le genre des autres. De plus, j’ai toujours préféré séparer mes aventures amoureuses de mon cercle d’amis. Cela pour la bonne raison que mes relations amoureuses n’ont pas toujours très bien fini. Je n’ai pas envie de mélanger amour et amitié pour ne pas exposer mes amis à un choix à faire. C’est l’expérience qui me fait agir comme cela. Dans mon groupe d’amis il y avait un couple. On était tous très proche. Jusqu’au jour où l’un des deux a trompé l’autre et nous l’a raconté. On s’est tous retrouvés dans une situation très compliquée : d’un côté il ne fallait pas trahir sa confiance, et de l’autre on trahissait notre ami en ne lui disant pas. Voilà pourquoi je m’abstiens de faire entrer mes relations amoureuses dans mon cercle d’amis. Une simple présentation à une ou deux occasions suffit amplement.
Parlons sexualité .As-tu une préférence entre les hommes et les femmes ?
Je ne dirai pas que c’est la même chose, mais je ne fais pas trop de différence. C’est le principe même de la pansexualité que de ne pas mettre de préférence entre les genres. Tout est une question de personne et d’attirance. Bien sûr, je ne peux pas faire la même chose avec un homme qu’avec une femme au lit. Les femmes n’ont pas de pénis et les hommes n’ont pas de vagin. Mais si je devais me passer d’un des deux, je pense que je privilégierais les femmes. D’une certaine façon, j’ai plus d’affinités avec les femmes. C’est sûrement lié à la condition de femme de laquelle je veux me défaire depuis tant de temps…
Dernière question : Quand as-tu compris que tu étais pansexuelle ?
Je ne l’ai pas vraiment compris. Disons que je l’ai un peu choisi par idéologie, peut-être aussi pour me distinguer des autres. J’aime l’idée qu’il soit possible d’aimer quelqu’un sans se poser la question de son sexe, de son genre, de sa couleur, de son origine.