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Confidence sur ma pansexualité : Une délivrance personnelle
Quand on est hétérosexuel, qu’il n’y a pas de doute là-dessus, on ne peut que difficilement comprendre le soulagement que les gens comme moi peuvent éprouver lorsqu’on se sent enfin capable de poser des mots sur une orientation sexuelle jusque-là restée mystérieuse. Et pourtant ce soulagement est le début de l’enfer.
Ma famille, mes amis et la plupart des gens que je côtoie au travail et dans la vie de tous les jours, à la salle de gym ou ailleurs, sont hétérosexuels. Du moins ils font tout pour le faire transparaître. Moi je pensais l’être, hétérosexuel. Du reste je faisais comme si je l’étais. Comme les autres, au final. Je refoulais certaines envies soudaines qui me prenaient par peur d’être considéré comme différent, comme anormal, comme un pervers sexuel. Parce que c’est cela que pensent beaucoup de gens qui ignorent tout de la pansexualité. Et puis ça la fout tout simplement mal de dire ou de montrer aux autres qu’on est différent, qu’un jour on peut tomber amoureux d’un homme ou d’une femme sans faire vraiment de distinction entre les deux, ni sans pouvoir l’expliquer rationnellement. Or l’amour, quelle que soit sa forme, est tout sauf rationnel.
Même si les gens ne le disent pas, leur attitude parle pour eux. Cela se voit dans leur regard, dans leurs mimiques, dans leur gestuelle, dans leur retenu, dans leur gêne, dans leur dégoût. Dès qu’un homo ou un bi les approche, ils reculent brusquement. Moi je suis pansexuel et je vis cette distance, cette mise à l’écart presque tous les jours, car je ne le cache pas. Pourquoi devrais-je le cacher ? Le cacher, cela reviendrait à me mentir à moi-même, ce serait en quelque sorte rejeter ce que je suis. Pire encore, ce serait trahir toutes les personnes qui ont eu le courage de crier haut et fort qu’elles étaient pansexuelles, homosexuelles, bisexuelles, lesbiennes, peu importe.
Confidence sur ma pansexualité : « Exclu de certains cercles »
Ma pansexualité est une chose relativement nouvelle pour moi. Ce n’est pas le genre de choses que l’on sait instinctivement, par je ne sais quelle opération du Saint-Esprit. Pour ma part, c’est en m’intéressant aux différentes orientations sexuelles « recensées », en lisant des articles et des livres sur la bisexualité, un sujet qui m’intriguait depuis la fin de mon adolescence, c’est de cette manière que j’ai découvert le mot de pansexualité et tout ce qu’il peut renfermer. J’ai alors pu me rendre compte que cela me convenait, que cela concordait avec mes sentiments, avec ma libido et avec plein d’autres choses pour lesquelles il me faudrait tout un livre pour les dire.
D’un côté, cette découverte a été une délivrance personnelle, car elle a permis de mieux me connaître, de mieux me comprendre, de mieux gérer mes émotions. Autrement dit cette découverte m’a aidé à passer un cap, à me développer en tant que personne. Mais de l’autre côté, elle m’a exclu de certains cercles. Rien que chez mes amis d’enfance, j’ai dû me justifier, m’expliquer, et j’en ai perdu plus de la moitié. Seuls les vrais amis sont restés fidèles. Seulement deux. Les autres ne voulaient plus me voir, ils pensaient que j’avais des intentions bizarres derrière la tête, ils ne pouvaient plus me regarder dans les yeux, ni même rester trop longtemps en ma compagnie. C’est triste mais je n’y pouvais rien. Et je n’y peux toujours rien. Allez expliquer à quelqu’un fermé d’esprit ce que veut dire la pansexualité, l’homosexualité ou n’importe quelle autre orientation sexuelle autre que l’hétérosexualité, vous verrez qu’il il vous prendra pour un pervers, si ce n’est pour un fou.
« Faire entendre la voix de ceux et de celles qui souffrent de leur pansexualité »
Cette lettre ouverte, même si je sais qu’elle ne sera très certainement pas lue par les intolérants qui composent le monde, est un cri face à la surdité de ce monde, un cri pour faire entendre la voix de ceux et de celles qui souffrent de leur pansexualité, non pas parce qu’ils ne parviennent pas à se décider, mais parce qu’ils sont pointés du doigt, mis au ban, parfois même insultés, ou pire encore, agressés gratuitement au simple motif qu’ils sont différents. Ce cri est pour ceux et celles qui vivent au quotidien avec cette peur d’être rejeté, injurié, humilié, roué d’insultes et de coups. Il est pour eux, ce cri, qui, je le sais très bien, ne sera pas entendu des autres qui font la sourde oreille, de ceux et de celles qui se pensent normaux, qui se pensent dans leur bon droit au moment de menacer deux hommes qui se tiennent la main, d’insulter deux femmes qui s’embrassent en public, d’agresser un transsexuel qui se promène en ville sans demander rien à personne.
J’espère que cette lettre qui me vient des tripes pourra aider autant qu’elle m’a aidé. Je me sens vidé, étrangement serein à ce moment même. J’aimerais pour finir vous remercier, vous, pansexuelles et pansexuels, homosexuels et lesbiennes, bi et transsexuels, vous remercier de m’avoir lu, mais aussi et surtout d’être vous-même, d’être intègre avec ce que vous êtes.